10h00……..

Poursuivons notre navigation en direction de Vannes.

A bâbord, nous passons à la pointe de l’île Longue. C’est le moment de bien observer la surface de l’eau pour voir les veines de courant, de contre-courant à 1 mètre de la bordure du courant et
surveiller son sondeur si l’on rase la côte trop près.

L’île longue doit son nom à sa forme allongée : 1 200 mètres de long pour 400 mètres de large.
Très boisée, elle est habitée à nouveau depuis quelques années.
Elle possède un important cairn circulaire recouvrant un dolmen, dont la chambre est à encorbellement, mais totalement inaccessible car obstrué.

Aujourd’hui, les abords de l’île sont connus pour leur intérêt en matière de plongée sous-marine
notamment la zone des Gorets qui est très prisée par les plongeurs à marée descendante.
Au sud de l’île, une étrange pierre a été découverte en 2016. En forme de pyramide, elle est
située à 23 mètres de profondeur. Elle est visible par petit coefficient à marée descendante ou à l’étal. On y observe une flore et une faune aquatique si singulières aux eaux du golfe du Morbihan.
Les mouillages y sont réglementés. D’ailleurs, la préfecture a pris un arrêté d’interdiction de mouillage sur l’île. Gare aux contrevenants !!! Localement, l’île était en fait nommée Kalve, prononcé « eràivi » ou « ràivi ».
A tribord, à 800 mètres, la pointe de Penbert située sur la presqu’île de Rhuys s’étend dans l’axe
nord-sud.

Continuant notre balade en bateau dans la passe et naviguant à 5 nœuds nous arrivons à l’île de Gavrinis, bordée à l’ouest par la rivière d’Auray, et au sud par celle de Vannes. Le point culminant de l’île domine tous les environs et on y jouit d’un magnifique panorama. Gavrinis est connue pour être un site archéologique majeur dans le Golfe et dans l’ouest de la France. Site exceptionnel, il mérite une escale. On peut y visiter un cairn, une monumentale architecture funéraire de pierre sèche,
abritant un dolmen. Il offre une profusion de gravures d’une rare finesse que l’on ne retrouve nulle part au monde !! Ce mégalithe vaut vraiment le détour. Seules des vedettes de tourisme au départ de Port-Navalo, Larmor-Baden, ou Locmariaquer, peuvent y accoster et vous offrir ce voyage dans le néolithique.

Le nom de Gavrinis est parfois interprété comme un nom dérivé du breton gavr, « chèvre », et enez, « île » (prononcé ici inis), qui signifierait l’île de la chèvre.
Pour les cinéphiles, le cairn de Gavrinis a été témoin des amourettes « d’A nous les garçons ».

Véritable promenade en bateau au cœur du néolithique, nous découvrons Er Lannic (petite lande en breton) à 500 mètres au sud de Gavrinis.
L’île héberge un site incroyable : un double cromlech. Elle comprend une double enceinte de pierres levées ou menhirs, largement ouverte en forme de fer à cheval. A la jonction des deux
enceintes, une douzaine de blocs renversés assez confusément. Du fait de la remontée du niveau de la mer dans le Golfe, seule la partie supérieure de l’hémicycle nord est visible, le reste
étant submergé par les eaux du Golfe. Cet alignement est plus évident lorsqu’il est vu du ciel !
Île protégée, l’accostage est interdit car c’est une réserve ornithologique. C’est en effet, un site de nidification pour les goélands bruns et argentés.

On y a même introduit un temps des moutons pour mener une expérimentation sur l’île. Une alternative au fauchage de la moutarde maritime réalisé deux fois par an sur l’île. Cette plante gêne des oiseaux comme les sternes dont on espère voir un jour le retour. Hélas ! Ces herbivores ont préféré l’herbe à la moutarde et n’ont pas fait le travail escompté pour détruire la
moutarde… ils ont retrouvé la terre ferme du continent et il a fallût reprendre le fauchage !!
Témoin de la transgression marine postglaciaire, le chenal situé entre Gavrinis et Er lannic atteint
des profondeurs de 28 mètres, tandis qu’au sud de l’île et au sud-est de l’île, le niveau marin ne dépasse pas les 5 mètres aux marées les plus basses.
Le capitaine n’a pas fini de nous parler de ces temps lointains que nous croisons un superbe sinagot, ou chaloupe de séné, le « jean et jeanne ». Sa voilure  emblématique et généreuse de
couleur rouge ocre nous captive. Parfaitement adapté à la petite pêche traditionnelle dans le
golfe du Morbihan, son faible tirant d’eau lui permet de se faufiler au-dessus des hauts fonds du Golfe.

C’est l’occasion d’évoquer la « rivalité » entre les pêcheurs du Bono et ceux de Séné, chacun estimant avoir le meilleur type de bateau. Les forbans, chaloupes spécifiques du Bono et frère des sinagots, sont néanmoins plus difficiles à manœuvrer mais plus légères. Ces deux types de bateaux étaient conçus pour tirer une drague à huîtres ou un chalut.

Par-delà son sillage, nous apercevons le port de Larmor Baden. De son embarcadère partent les excursions pour le golfe ou pour la visite du cairn de Gavrinis.
Face à Larmor Baden se situe l’île de Berder. Véritable île à marée haute, elle devient presqu’île à marée basse et est reliée à Larmor Baden par une chaussée submersible qui permet le passage de véhicules et de piétons. On y trouve, là aussi, des vestiges de dolmens.
Le sentier côtier de l’île est toujours boisé mais toujours avec vue sur mer. Il y est fait la part belle à la flore méditerranéenne peu commune dans la région arbousier et chêne vert). L’île est un havre de verdure coloniale avec de belles collections de palmiers et de majestueux épineux. On sent que l’endroit est entièrement dévolu à la randonnée et au farniente.

Pour la petite histoire, elle a appartenu à nombre de personnes de 1750 à nos jours, a servi de centre de vacances pendant une vingtaine d’années. Sur une des pointes de l’île se cache dans
la végétation la Chapelle Sainte-Anne, bâtie par le comte Dillon pour le mariage de son fils.
Une tour au style un peu mauresque se dresse fièrement et constitue un amer remarquable avec ses 5 étages. Elle est un élément incontournable de l’identité de Berder. Quand les orages éclatent dans le Golfe, elle agit comme un paratonnerre et semble attirer la foudre. Gare !
Au sud, la vue est magnifique sur le courant de la « Jument ». La lutte des embarcations aux prises avec les flots vaut le détour.
Nous y sommes et ça bouillonne. Le croirez-vous, nous repartons en marche arrière !!

A suivre
Président ILES ET RIVAGES