Balade en bateau depuis le Port Anna

Après avoir partagé avec vous cette parenthèse de la « semaine du golfe », nous reprenons notre balade en bateau depuis Port Anna.

Ce passage de la rivière de Vannes est nommé aussi la Marle.

La Marle est un fleuve côtier qui se jette dans le golfe du Morbihan à Vannes. Il s’agit de l’estuaire formé par les ruisseaux de Rohan, de Liziec et de Bilaire après leur confluence à l’étang au Duc dans la ville de Vannes. Ces rivières de Vannes méritent que l’on s’y attarde. Nous reviendrons sur leur histoire lors de notre escale à Vannes.

Remontant le cours de la Rivière de Vannes (la Marle), nous arrivons à hauteur de la presqu’île de Conleau. Elle présente une composante originale dans le paysage et offre l’un des paysages les plus maritimes du littoral vannetais avec de beaux panoramas sur l’espace du Golfe. C’était auparavant une ancienne île du golfe du Morbihan, reliée à la terre ferme par une route-digue depuis 1879. Elle appartient à la commune de Vannes (Morbihan) et a donné son nom à un quartier de la ville :  Conleau.

Conleau se trouve au confluent du Vincin (rivière de Conleau) et de la Marle, les deux principaux cours d’eau de Vannes. La presqu’île est donc séparée de la commune d’Arradon par le Vincin et de la commune de Séné par la Marle. Ce bras de mer formé par la rivière du Vincin présente un paysage pittoresque. La rivière et ses abords composent un espace naturel péri-urbain de qualité assurant une transition douce entre l’espace maritime et l’arrière –pays.

À la fin du  XIX e  siècle , la villégiature de bord de mer devient un passe-temps recherché. En 1878, les propriétaires de l’île de Conleau la dotent d’aménagements à caractère balnéaire, dont une piscine d’eau de mer bordée de cabines de bain avec une petite plage de sable fin très et dont la profondeur limitée lui assure une température constante, de chalets, d’un restaurant et d’un grand hôtel (aujourd’hui Best Western Le Roof). Un casino est même projeté. Dès 1879, une digue-route relie l’île au continent, favorisant le développement de la petite station balnéaire.

Le propriétaire de l’île souhaite la création d’une ligne d’omnibus pour relier sa station à la cité mais le projet de tramway touristique n’aboutit pas.
En 1901, un nouveau projet de tramway pour la ville voit le jour et prévoit de faire de Conleau le terminus de la ligne 5. Le préfet du Morbihan publie l’arrêté d’enquête d’utilité publique sur l’avant-projet du réseau de tramway vannetais mais le projet est abandonné en 1902.
La construction de la digue-route a permis l’envasement progressif du site, comme pour le Mont Saint-Michel. Conleau s’est alors développée indépendamment de Vannes notamment grâce à la pêche. Depuis les années 1950, la presqu’île est devenue un lieu de loisir et de promenade pour les Vannetais. Aujourd’hui, la pointe des Émigrés et la rivière du  Vincin (encadrant l’île) sont recensés par le Conservatoire du littoral, comme beaucoup d’espaces naturels du golfe du Morbihan.
On y trouve toujours les anciennes villas, dont l’architecture est inspirée du modèle des chalets suisses très en vogue à l’époque. La piscine, devenue municipale, est un lieu de baignade labellisé. Conleau offre un aspect plus bucolique, avec sa presqu’île couverte de pins. Une cale permet un débarquement, à marée haute seulement, pour rejoindre les commerces tout proches.

Le cours du Vincin prend sa source sur la commune de  Ploeren , au nord-ouest du bourg. Il se dirige d’abord vers le nord en formant la limite avec la commune de  Plougoumelen, puis bifurque vers l’est et enfin vers le sud. Il serpente alors dans une vallée étroite et marque la limite entre les communes de Vannes et d’Arradon . En aval du pont du Vincin, la vallée est sujette aux marées, comme en
témoigne l’ancien moulin à marée de Campen.

Les affluents du Vincin sont le Kergoat, le Ménaty et le Bilair.

Conleau est également un des points de départ des bateaux reliant l’Île d’Arz. A la pointe de la presqu’île, une navette assure la liaison avec la presqu’île de Cadouarn (Séné) juste en face, via l’embarcadère de Barrarach.

La presqu’île de Cadouarn est rattachée au continent au niveau du village de Moustérian.

En longeant la rivière de Vannes en bateau, côté Séné, nous distinguons la réserve naturelle de Séné. C’est là le plus grand espace naturel du Golfe du Morbihan (530 hectares). Avec la richesse de ses espèces, le site est reconnu en Europe, comme l’un des espaces les plus remarquables pour sa biodiversité et plus particulièrement pour ses oiseaux d’eau. On peut y observer des oiseaux sur le marais, bernaches (en hiver), tadornes, aigrettes garzettes , échasses blanches, voir avec un peu de chance des spatules blanches (migrateurs comme la bernache).

Afin de préserver la quiétude des oiseaux et certains habitats marins fragiles, la navigation a été interdite sur plusieurs secteurs du golfe du Morbihan. Cette interdiction s’applique à tous les engins nautiques, voiliers, bateaux à moteur ou kayak de mer. L’arrêté du de 2002, précisant le périmètre de protection de la RNN des marais de Séné, mentionne l’interdiction de naviguer sur ce secteur soit sur l’ensemble de rive droite de la rivière de Noyalo.

Un autre arrêté de 2006 interdit la navigation dans les parties amont des rivières de Noyalo, du Vincin et dans les zones de tranquillité de la baie de Sarzeau et de l’anse Est de Tascon. Ne sont pas concernés par cette interdiction les titulaires d’autorisation de mouillages organisés dans ces zones, dans le but unique de quitter ou rejoindre leur mouillage.

Un appel à la VHF d’un bateau à l’entrée du golfe nous remet en mémoire la particularité des marées dans le golfe du Morbihan. Il y a 2 heures de décalage entre l’entrée du golfe du Morbihan et là où nous sommes entre Séné et Vannes. Fonctionnant comme une « baie fermée », au moment de la marée montante (flot), les courants entrants pénètrent vers l’amont du golfe, alors que dans le même temps d’autres en sortent finissant leur cycle de mer descendante (jusant), en sens inverse. Il en résulte une complexité courantologique évidente avec des courants et des contre-courants qui alternent le long des zones de calme. Le marnage est plus faible à l’intérieur du golfe qu’à l’extérieur, car le goulet de Port-Navalo est étroit et le bassin est étendu. On peut noter une différence de 2m entre l’entrée du golfe et le fond du bassin, soit un marnage de 5m à Port-Navalo et de 3m à Vannes.

Ce phénomène influe sur le renouvellement des eaux et la bonne qualité de l’eau. Le phénomène des marées et des mouvements courantologiques est un point important car il intervient dans l’interprétation de la qualité des eaux du golfe. Le renouvellement est par conséquent plus rapide dans la partie occidentale que dans la partie orientale. L’eau de la rivière d’Auray se renouvelle plus rapidement par mélange avec les eux du golfe (98% en 10 marées), que pour la rivière de Vannes (84% et que la rivière de Noyalo (58%). La rivière de Vannes est de ce fait classée en état médiocre en raison des macroalgues proliférantes.

Continuant à longer la rivière de Vannes à bord de Milou, nous apercevons Vannes avec au fond à gauche la gare maritime du pont vert à Vannes, notre prochaine étape…