Enceintes mégalithiques d’Er Lannic et Gavrinis
9h00… un matin de printemps
Nous arrivons au Crouesty, port d’embarquement et d’entrée du golfe du Morbihan. La marina est accueillante et animée. La capitainerie a indiscutablement le plus beau point de vue sur le port. Le rendez-vous est pris avec Iles et rivages au ponton de la capitainerie.
Après un café d’accueil, le capitaine donne les consignes du bord et de sécurité. Le programme de la journée est dévoilé et concocté pour tenir compte des prévisions de dame météo. Tout le monde est paré, les équipiers du jour embarquent sur le timonier MILOU.
Tout au long du chenal balisé et endigué, les bateaux se croisent. Nous sommes à mi-marée lors de cette balade en bateau, alors attention au tirant d’eau, 1,80 m seulement. Mais avec Milou, aucun problème, seuls les quillards doivent se méfier. Le capitaine en profite pour faire un rappel sur l’importance de connaître les horaires des marées dès lors que l’on est en mer ou en bord de mer. Un pêcheur averti en valant deux, il est préférable de prévoir et organiser sa sortie, la météo et les marées sont les éléments incontournables de la sécurité. Notre intérêt est capté par la découverte de notions tel le marnage, les coefficients de marée, la règle des douzièmes. Ce petit cours théorique nous incite à porter attention à la côte qui nous entoure.
A bâbord, la petite chapelle du Croisty surplombe la sortie du chenal. Chaque année, le 15 août, les bateaux mouillés à l’entrée du port y sont bénis avant de déposer une couronne de fleurs en mer. A tribord, la plage de Port Sable à tribord invite à la baignade et les promeneurs y sont aux premières loges pour assister à la valse des bateaux entrant et sortant du port. Nous suivons les bouées du chenal et pendant quelques minutes, nous connaissons une première expérience de navigation dans le Mor Braz, la grande mer. Un petit clapot vient se frotter à l’avant du bateau. Lors de cette promenade en bateau nous avons vue sur la baie de Quiberon, une des plus belles baies du monde. Nous sommes face à l’ilôt de Méaban et nous apercevons l’île d’Houat, et en dernier plan Belle-île en mer. Le spectacle est magique et nous sommes bluffés par les variations de couleurs marines. Pas loin une embarcation a hissé le pavillon ALPHA (blanc et bleu), des plongeurs sont donc à l’eau et nous ne devons pas nous en approcher. Les pêcheurs professionnels sont déjà de retour et rentrent au port avec dans leur sillage des dizaines de mouettes, preuve que la pêche a été bonne ! Nous naviguons ainsi quelques minutes avant de rejoindre sur tribord l’entrée du Golfe du Morbihan,
la petite mer, au niveau du phare de la pointe de port Navalo (port Noalou), un point de vue vraiment unique. Nous « franchissons » l’embouchure du golfe. Ce goulet de 900 m se situe entre le phare de port Navalo, à la pointe de la presqu’île de Rhuys et le phare de la pointe de Kerpenhir sur la commune de Locmariaquer (Lokmaria-Kaer). Sur cette avancée de sable, quelques anciennes fortifications et le dolmen des pierres plates. On y aperçoit aussi quelques cerfs-volants et voiles de kite surf. C’est le réveil du printemps !!
Le capitaine nous rappelle les règles de navigation à respecter et spécifiques au golfe. La vitesse y est limitée à 5 nœuds dans la bande littorale des 300 mètres (soit 10 km/h) à marée haute. Au-delà, le bateau peut naviguer jusqu’à 10 nœuds. La navigation de nuit n’est pas possible et doit se faire entre le lever et le coucher du soleil. Le courant est très fort, le plus fort de France. Il peut aller jusqu’à 9 nœuds, soit une vitesse de 4 mètres à la seconde. Un peu comme si une rivière coulait en plein milieu de la mer. Le nœud est une unité de vitesse utilisée en navigation maritime et aérienne. Un nœud est équivalent à 1 mille marin par heure soit 1,852 km/heure.
A vos calculettes : on considère que le mille marin est une minute d’angle à l’équateur. Sachant que le tour de la terre en passant pales pôles mesure 40 008 km, sachant que le tour de la terre fait 360° et qu’il faut 60 minutes d’arc pour faire un degré On pose 40008/360°/60 et l’on obtient 1852.22 m arrondi à 1 852m. Soit 1,852 m pour une minute soit un mille marin ou nautique. Le golfe fonctionne comme une baie fermée. Au moment de la marée montante (flot), les courants entrants pénètrent vers l’amont du golfe, alors que dans le même temps d’autres en sortent finissant leur cycle de mer descendante (jusant), en sens inverse. Il en résulte une complexité courantologique évidente avec courants et contre-courants qui alternent le long de zones calmes. Le marnage est plus faible à l’intérieur du golfe qu’à l’extérieur car le goulet est étroit et le bassin du golfe étendu. Les courants créent un mouvement iodé et vivifiant perpétuel et forment des marmites de bouillonnement d’eau. Nous avons l’impression d’être dans une véritable machine à laver. La vigilance est de mise à la manœuvre car les vagues peuvent être traîtresses et nous faire dévier de notre cap ; d’autant plus que certaines embarcations de pêches se laissent dériver dans les remous, la barre libre et des trajectoires imprévisibles. Une fois franchi le goulet, nous continuons la balade en direction de l’île du Veizit et son amer appelé craie blanche, sous forme d’une grande pyramide, un repère visible depuis le large du golfe.
Nous laissons le port de Locmariaquer sur bâbord et port Navalo sur tribord. Une vedette quitte d’ailleurs port Navalo et nous avons l’impression que c’est le courant qui fait avancer le bateau et non le moteur. Impressionnant ! Notre attention se porte sur les veines de courant et de contrecourant au ras des cailloux et des balises. Un des cailloux est carrément à éviter car les courants portent sur lui. Appelé le Grégan, sa présence est marquée par une tourelle portant une marque cardinale sud. Au sud du Grégan, la balise du petit mouton le début d’une passe allant jusqu’à la bouée cardinale du banc de Crëizig. Cette passe est caractérisée par la présence de forts courants et à cet endroit la vitesse maximale est portée à 10 nœuds au lieu des 5 réglementaires. Attention aussi aux roches entre le Grand mouton et le Faucheur, appelé ainsi car il coupe le courant…Ce caillou particulier à la pointe de Bilgroix (commune d’Arzon) intrigue le regard car il est peint en blanc et rehaussé d’un chapeau en béton, immaculé lui aussi, pour trancher dans le paysage. Il s’adresse aux marins et représente pour eux un amer d’alignement. Des kayakistes longent les cailloux et jouent avec les courants. Ils sont chahutés par les vagues et y prennent plaisir.
Arrivés à hauteur de l’île du Veizit, nous laissons la rivière d’Auray, nommée également Ria du Loch, sur bâbord et la promenades en bateau se poursuit dans le courant de la Jument entre la balise du grand mouton et la pointe de l’île longue direction Vannes…
A suivre…