14h30
Un dernier coup d’œil au continent vers l’anse du Moustran, Milou continue sa navigation vers l’île Irus en laissant à bâbord le ruisseau du Pont de Lohac et plus au nord Pen-er-men. C’est une île privée…
Encore une en effet. Plus des trois-quarts des îles du Golfe du Morbihan sont privées. Certaines sont habitées de façon plus ou moins régulière par leurs propriétaires particuliers, les autres sont en DPM (Domaine Public Maritime) ou appartiennent à des collectivités ou des établissements publics. Il est interdit, il faut le rappeler, de débarquer sur les parties terrestres.
Nous passons la pointe du Trec’h de l’île aux Moines distante de 600 mètres de la pointe d’Arradon lors de la balade.
C’est entre ces deux pointes que le passage du continent vers l’île aux Moines s’effectuait principalement autrefois. Le passage, nommé « an treh » en breton est resté de manière secondaire
jusqu’à la seconde guerre mondiale, le passage vers Port Blanc ayant débuté en 1790. Puis les îliens et continentaux ont préféré utiliser Port Blanc, plus abrité.
D’importantes carrières de granit gris se trouvaient autrefois à cette pointe du Trec’h, grabit qui a servi en partie à la construction de la cathédrale de Vannes. Dominant la pointe, le calvaire du Trec’h atteste de la présence chrétienne sur l’île. Il est érigé sur une série de soubassements. Son fût élevé porte une
croix originale dont les bras, à la rencontre desquels se forme un cercle à la façon des croix irlandaises, s’achève par des volutes. On aperçoit aussi lors de la promenade en bateau le petit port communal et les trois cales qui l’agrémentent témoignant de l’ancienne
activité de traversées.
A bâbord, l’île Holavre signifiant l’île aux guérets délaissés. Autrefois, l’île n’était qu’un aride rocher au sommet peint en blanc pour signaler aux navires la fosse dangereuse de la Truie.
Au 18e siècle, elle est devenue une importante carrière de granit pour fournir des pavés aux rues de nombreuses villes.
Elle y a perdu le tiers de son volume. Et depuis la fin du 19e, la plantation de nombreux résineux a caché son relief.
Nous arrivons à la pointe d’Arradon. Au fond d’une petite anse protégée, nous apercevons le moulin du Paluden.
Avec l’estuaire de la Rance en île et vilaine, le Golfe du Morbihan est l’une des terres de prédilection des moulins à marée en Bretagne. Il s’agissait à l’origine d’un bien seigneurial qui permettait à son propriétaire d’acquérir des ressources supplémentaires. Par la suite, le moulin devenait parfois un
capital aux mains de dynasties de meuniers, souvent jalousés par les villageois. Dans le parc naturel
régional du Golfe du Morbihan, sept moulins à marée sont recensés.
Le moulin de Paluden est composé d’une digue courbe derrière laquelle l’eau s’accumule pendant la marée montante. Le moulin lui-même, édifié sur la face avale de la digue, comporte une roue
actionnée par l’énergie de l’eau retenue dans l’étang. C’est la roue qui faisait tourner la meule. Le moulin à marée servait essentiellement à la mouture des grains (froment, orge, seigle) et n’exigeait
qu’une faible main d’œuvre (un meunier, sa famille voire un ouvrier) et était accessible aussi bien par la digue que par la mer. Des petits bateaux à voile accostaient pour décharger les sacs de grains et embarquer la farine. Les rendements médiocres, le rythme de travail imposé par les horaires des
marées expliquent pourquoi la plupart de ces moulins ont cessé leur activité dès la fin du 19ème siècle. J’en profite ici pour faire de la pub à l’association des chemins de ronde qui fait tout son possible pour
faire respecter la loi sur le littoral et sauvegarder ainsi le patrimoine des moulins.
Après ce petit détour, nous revenons à la pointe du continent que nous longeons jusqu’à la pointe d’Arradon. Nous sommes là en plein cœur du golfe du Morbihan pour cette balade. Bien abritée, Arradon est une ville de bord de mer incontournable. La commune possède une cote maritime de 15km de littoral.
Arradon signifie en breton La rade profonde. En effet, Arradon est l’une des passes les plus profondes du golfe du Morbihan. Sur Arradon on peut avoir accès à plusieurs loisirs car c’est une
commune réputée pour son cadre maritime, elle nous amène donc à faire des activités nautiques que l’on peut pratiquer au club nautique.
On peut donc faire des loisirs nautiques comme le catamaran, le paddle, le canoë kayak ou de la planche à voile.
Bénéficiant d’un long rivage exposé plein Sud, venant en pente douce s’adonner au spectacle des îles, Arradon est un peu la Riviera du Golfe. Sa côte est une succession de belles demeures aux parcs étagés jusqu’à la plage.
La moindre crique recèle un chantier ostréicole, et des champs bordent souvent le sentier côtier.
Un paradis pour les vacances, une escale pour en profiter. Ici la belle saison dure presque toute l’année.En octobre la Catagolfe rassemble des centaines de catamarans légers pour régater dans les courants.
Plus tard, la brume se lève sur des milliers d’oies bernaches venues de Sibérie. Au printemps, on revient pour pêcher le bar ou la morgate (seiche) Face à Arradon, deux îles sont rattachées à la commune, sont les îles Logoden, nommées la petite
Logoden et grande Logoden.
Ces îles sont des lieux d’escale des bateaux de l’école de voile Jeunesse et Marine. Durant les raids, les
marins s’y arrêtent. En 1979, c’est un des lieux de tournage du film Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais. La grande
Logoden est une propriété privée, elle appartient à une même famille depuis 1956. Elle est la plupart du temps habitée par la famille. La petite Logoden, en revanche, est publique et appartient à la
commune d’Arradon. Le nom semble être dérivé du mot breton logod qui signifie « les souris ». Logodenn est la forme
singulière de logod dont l’équivalent français est « une souris ». Le capitaine nous raconte une petite anecdote qui s’est passée sur l’une des îles Logoden en 2017. Durant la nuit de la Saint-Sylvestre, un médecin breton devait faire la fête avec ses amis.Samedi, en fin d’après-midi, le médecin de l’Ile-aux-Moines monte dans son petit bateau et prend la
direction du continent. Son service est fini, des amis l’attendent de l’autre côté du rivage pour fêter la nouvelle année. Le trajet n’est pas long, il le connaît par cœur. Sauf que ce soir-là, un épais brouillard
a commencé à recouvrir le golfe et son dédale d’îles et de bras de mer.
En plein milieu de la traversée, le moteur du bateau fait des siennes, puis s’arrête. Le quinquagénaire n’a pas d’autre choix que celui de se laisser dériver dans la purée de pois. La chance n’est
définitivement pas de son côté : la batterie de son téléphone portable est totalement déchargée, il ne peut prévenir personne. Le hasard des courants le porte alors jusqu’au rivage de l’un des deux îlots
Logoden, deux morceaux de terre inhabités, situés en face d’Arradon.
Ne le voyant pas arriver pour le réveillon, ses proches finissent évidemment par alerter les secours. Vers 2h du matin, les sauveteurs de la SNSM du Golfe du Morbihan tentent une première sortie, font le tour des îles Logoden, mais l’épaisseur du brouillard et la nuit les empêchent de découvrir l’infortuné
reclus sur son île. L’absence de balisage lumineux dans le golfe complique ce genre d’intervention. On comprend ainsi pourquoi il est déconseillé de naviguer de nuit dans le golfe. Ce n’est finalement qu’une fois le jour revenu, vers 10h30, que les sauveteurs découvriront enfin le
médecin. Heureusement, il portait des vêtements chauds et avait une couverture. Mais il a dû souffrir
du froid quand même car il faisait 0° cette nuit-là. Seul, sur un îlot désert, comme un pauvre Robinson de la Saint-Sylvestre, une mésaventure dont il se souviendra.
Il est à présent temps de rentrer et revenir au port du Crouesty sur la commune d’Arzon de l’autre côté de port Navalo.
Nous continuerons la visite du Golfe une prochaine fois.